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| L’année 2024 enregistre une hausse record du dioxyde de carbone dans l’atmosphère |
L’année 2024 a marqué une étape critique pour le
climat mondial. En douze mois, la concentration moyenne de dioxyde de carbone
(CO₂) dans l’atmosphère a augmenté de 3,5 parties par million (ppm), atteignant
423,9 ppm. Il s’agit de la plus forte progression observée depuis 1957, date du
début des mesures modernes. Il y a vingt ans, ce taux s’élevait encore à 377
ppm. Cette évolution rapide illustre l’accélération du dérèglement climatique,
alimentée par la persistance des émissions d’origine humaine et par la baisse
d’efficacité des grands réservoirs naturels de carbone, tels que les océans et
les forêts.
Selon le dernier Bulletin des gaz à effet de serre
publié par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), ces « poumons »
naturels, qui absorbent habituellement près de la moitié du CO₂ émis chaque
année, perdent de leur capacité d’absorption à mesure que la planète se
réchauffe. En 2024, la combinaison d’un puissant épisode El Niño et de vastes
incendies en Amazonie et en Afrique australe a accentué cette diminution,
entraînant une accumulation plus importante de dioxyde de carbone dans l’air.
Les spécialistes soulignent que cette tendance accroît
les risques d’événements climatiques extrêmes. Ko Barrett, secrétaire générale
adjointe de l’OMM, rappelle que « la chaleur piégée par le CO₂ et les autres
gaz à effet de serre alimente le climat et intensifie les phénomènes
météorologiques violents ». Elle met en avant la nécessité d’une réduction
rapide et significative des émissions afin de préserver la stabilité du climat,
de l’économie et des sociétés humaines.
L’évolution concerne également d’autres gaz à effet de
serre. Le méthane, responsable d’environ 16 % du réchauffement d’origine
anthropique, a atteint un niveau record de 1 942 parties par milliard (ppb) en
2024, soit une hausse de 166 % par rapport à l’ère préindustrielle. Le
protoxyde d’azote, issu principalement des engrais agricoles et de certaines activités
industrielles, s’établit à 338 ppb, dépassant de 25 % les concentrations
mesurées avant 1750.
Pour l’OMM, ces données confirment une tendance
durable : le CO₂ peut demeurer dans l’atmosphère pendant plusieurs siècles,
rendant ses effets difficilement réversibles. Oksana Tarasova, coordinatrice du
rapport, souligne que « l’affaiblissement des puits de carbone terrestres et
océaniques pourrait encore accélérer le réchauffement planétaire ».
En novembre, la communauté internationale se réunira à Belém, au Brésil, à l’occasion de la COP30. Les discussions viseront à renforcer les engagements climatiques. Les experts rappellent toutefois que la priorité reste inchangée : réduire de manière urgente et continue les émissions de gaz à effet de serre avant que les seuils critiques du système terrestre ne soient dépassés.
