| L’annonce de Donald Trump sur l’immigration relance le débat autour du décret migratoire de 2025 |
L’annonce faite par Donald Trump de suspendre
l’immigration en provenance de ce qu’il appelle les “pays du tiers-monde” a
rapidement dépassé le cadre américain. La formulation imprécise, l’absence de
liste officielle et la portée politique de cette déclaration ont suscité de
nombreuses réactions à l’étranger. Le Département de la Sécurité intérieure
(DHS) a finalement indiqué que cette mention renvoie aux 19 pays déjà visés par
le décret migratoire adopté en 2025.
Le président américain a publié son message sur Truth
Social à la suite de l’attaque armée survenue le 26 novembre à Washington, près
de la Maison-Blanche, attaque qui a entraîné la mort d’une militaire de la
Garde nationale et blessé grièvement un autre soldat selon les premières
informations. Dans ce message, il annonce vouloir revoir en profondeur la
politique migratoire des États-Unis. Il prévoit notamment l’annulation des
admissions approuvées sous l’administration Biden, la suppression des aides
fédérales destinées aux non-citoyens, la possibilité de retirer la nationalité
à certains migrants jugés menaçants pour « la tranquillité intérieure »
ainsi que l’expulsion de ceux qu’il qualifie de « fardeau public »,
de « risque pour la sécurité » ou « incompatibles avec la
civilisation occidentale ». Il évoque aussi une politique de “reverse
migration” visant à renvoyer certains étrangers installés légalement sur le
territoire américain.
L’absence de précisions géographiques a rapidement
suscité des interrogations. En quelques heures, le débat s’est concentré sur
l’identification des pays susceptibles d’être concernés. Sollicité par Reuters,
le Département de la Sécurité intérieure n’a pas fourni de définition du terme
“tiers-monde” et s’est contenté de renvoyer vers la liste des 19 États inclus
dans le travel ban élaboré en juin 2025. Cette réponse laisse entendre que la
déclaration présidentielle relève davantage d’une réaction immédiate que d’un
dispositif opérationnel déjà défini.
Le décret migratoire de 2025 s’appuyait sur une
évaluation fédérale identifiant les pays présentant de fortes lacunes en
matière de partage d’informations sécuritaires ou de vérification de l’identité
de leurs ressortissants. Douze États faisaient l’objet d’une interdiction
totale d’entrée : l’Afghanistan, la Birmanie, le Tchad, la République du Congo,
la Guinée équatoriale, l’Érythrée, Haïti, l’Iran, la Libye, la Somalie, le
Soudan et le Yémen. Sept autres étaient soumis à des restrictions partielles :
le Burundi, Cuba, le Laos, la Sierra Leone, le Togo, le Turkménistan et le
Venezuela.
La controverse porte
également sur le vocabulaire utilisé par Donald Trump. L’expression « tiers-monde »,
absente du langage administratif américain, est considérée comme floue et non
conforme aux classifications habituellement employées par le DHS. Faute de
définition officielle, l’administration s’appuie donc sur le décret de 2025, ce
qui fait, pour l’heure, des 19 pays qu’il mentionne les seuls États
effectivement concernés par la suspension annoncée.